Me voici, en train de bloguer à pas d'heure dans la nuit, depuis Le Camillou, Hôtel *** (merci A.I.) d'Aumont-Aubrac (il n'est pas village étape sur A75 pour rien, ce charmant village Lozérien) et sous un WIFI-Spot "Lozère Wireless" ...
Bon, ce spot est encore alimenté par une ligne DSL de FT vu les temps de ping:
Envoi d'une requête 'ping' sur www.free.fr [212.27.48.10] avec 32 octets de données :
Réponse de 212.27.48.10 : octets=32 temps=47 ms TTL=118
Réponse de 212.27.48.10 : octets=32 temps=45 ms TTL=118
Réponse de 212.27.48.10 : octets=32 temps=373 ms TTL=118
Réponse de 212.27.48.10 : octets=32 temps=46 ms TTL=118.
Mais bientôt, il sera je l'espère sur une prise FttH de ce réseau pilote que je suis venu visiter... le 2ème en un mois, après celui du SIEA de l'AIN! M'enfin pour l'instant, ces qq Mbits/s que me donne FT (en voie descendante, il s'entend) me vont bien...
L'objet de ce billet : lister les points (autant de "mind the gap" cf mon précédent billet) sur lesquels je serai "en attente", séparant une belle expérimentation FttH, projet pilote de surcroit, d'une plaque FttH en exploitation régulière ...; matérialisant le "passage du rêve à la réalité":
- attention au passage des plus de 500 pré-inscrits et donc pré-cablés ... au stade de 500 abonnés, que cela soit au démarrage, chez ALSATIS, WIBOX, ou en Septembre, chez Bouygues Télécom ; cela va-t-être le moment de tester l'appétence des candidats à basculer sans hésitation d'un ADSL de qualité moyenne chez l'Opérateur historique à un FttH "alléchant", dans un premier temps délivré par deux FAI beaucoup plus petits ...
- attention donc, à la qualité du service délivré, pour ne pas créer de désillusions, et donc là je serai vigilant sur 3 points:
- capacité en collecte du tuyau réservé par les FAI vers leurs salles d'hébergement (Paris, Lyon, Toulouse.. ?) ; n'oublions pas que 500 * 100 Mbits/s cela fait 50 Gbits/s et que même avec une contention de 30 ... c'est pratiquement 2Giga qu'il faut réserver... et payer !!
- en conséquence performances de l'accès abonné et capacité des FAI, au travers de l'infostructure de l'opérateur de gros (A.I.) à délivrer un "débit garanti" raisonnable aux entreprises, avec la disponibilité qui va bien (GTI/GTR)
- Qualité des Systèmes d'Information support (Commercial, Réseau) permettant une relation client de qualité...(diagnostics clairs, réactivité, responsabilité "assumée")
- attention à la prise en compte du "facteur d'échelle" avec le risque qui consisterait pour la Lozère et ses partenaires (délégataires, maitres d'oeuvres, ...) à vouloir généraliser à d'autres villages, sans s'assurer que "les tuyaux vont suivre" et que le "modèle économique" restera viable à moyen / long terme ... (la prise FttH est aujourd'hui subventionnée par l'état à un niveau supérieur aux 450€ à ceux déterminés par le Plan National THD et préconisés par le CGI...) ; et là, première étape nécessaire, la révision du Schéma Directeur d'Aménagement Numérique (SDTAN) adopté en Juillet 2010 et qui devra nécessairement être recadré pour y intégrer un scénario FttH ne serait-ce que minimal , en substitution à celui retenu... C'est la condition pour pouvoir bénéficier des fonds du FSN sur le Guichet 'B' et ultérieurement du FANT !!
Mais là, sur ce dernier point, on touche à un point particulier, tout juste introduit lors des dernières Assises du Très Haut-Débit par NéoTélécom, celui de la disponibilité d'offres de capacité, n*10 Giga, régionalisées, complétées d'offres d'hébergement, à des conditions économiques autres que celles disponible à ce jour, lesquelles seront nécessaires à terme aux FAI pour garantir un solde positif de leurs comptes d'exploitation (OPEX) intégrant des coûts de collecte, transit Internet, qui risquent de croitre de façon significative... dès lors que des débits symétriques à la prise, de l'ordre de 100 Mbits/s seront accessibles pour tous!
pour conclure donc, mais à l'Etat pour ce coup, qui ferait bien de se préoccuper de mettre en place les dispositifs qui permettront au secteur privé de se positionner sur ce grand backbone national THD qui fait défaut aujourd'hui... et qui sera le "bien commun" des Territoires ruraux à Très Haut Débit de demain, indispensable outil de péréquation, si la "fée clochette" veut bien se pencher sur son berceau!
Bonjour,
*Merci* de mettre le doigt sur LE point précis qui rends extrêmement audacieux tout projet de fibre rurale:
L'inadéquation de l'offre de collecte et de transit avec les usages d'aujourd'hui.
Déjà, ce qu'on peux constater c'est que:
1) Pour une commune il est très difficile de se relier à un "grand" backbone: Les opérateurs de ces backbones (Autoroutiers, RFF, EDF), malgré une disponibilité en fibres parfois importantes, préfèrent déléguer l'utilisation de ces fibres à UN opérateur, sous un régime d'IRU (c'est à dire une location), IRU facturée au kilomètre et extrêmement cher.
Rare sont les opérateurs qui peuvent payer un tel prix. Et ces opérateurs, très souvent, gardent ces fibres pour eux (Exemple principal: SFR et Free). Or ces fibres sont les capillaires dont on a besoin en rural.
La plupart des autres opérateurs nationaux (Cogent, Neo,...) ne relient que les grandes villes entre elles.
L'offre de France Télécom est la plus capillaire, mais malheureusement largement plus chère que le prix du marché, utilisant ainsi le monopole local comme levier tarifaire. Les prix sont public:
http://www.orange.com/fr_FR/groupe/reseau/documentation/#
D'autre part, les fibres de France Télécom ne relie QUE les centres de données de France Télécom, du moins en régions. ce qui veux dire que même un village du Rhône passera par paris pour revenir sur le réseau local...
C'est pour ça que les RIP et les DSP sont aussi importantes, en france: Ce sont les seules structures qui permettent à un village de se relier à des prix admissible pour les habitants.
Mais elles n'existent pas partout, et quand elles existes, les délégataires font souvent leur possible pour soit décourager les initiatives qui ne les impliquent pas, soit.... vendre du transit (L3)
Et j'en arrive au second point:
2) Le prix du transit en province peut être jusqu'à 10x supérieur à celui des grandes villes. A tel point qu'il est plus rentable pour une petite structure qui se monte dans le sud de la France de louer une ligne 100Mbps Cogent jusqu'à Paris plutôt que d'acheter directement du transit dans le sud !! Et la situation est pire sur les DSP, RIP voire PPP (Certaines PPP, non soumises aux règles publiques n'acceptent d'ailleurs de ne livrer QUE du transit L3, à prix d'or, ce qui oblige à utiliser un VPN pour faire ce que l'on veux...)
Encore une fois c'est le manque de concurrence sur ces marchés, avec la bénédiction des pouvoirs public qui sont soumis au chantage 'Soit vous nous donnez une exclusivité, soit on viens carrément pas et vous restez avec vos modems 56k', qui créent cette situation.
Il faut savoir que aujourd’hui, il y a un réseau capillaire important, pour la téléphonie mobile. Mais ce réseau capillaire, les opérateurs ne veulent pas l'ouvrir commercialement (Il se peux aussi que la capacité de ces réseaux capillaires ne soient pas suffisants pour accepter une déferlante de personnes en FTTH 100Mbps)
A titre personnel, je pense que l'on parle très peu de ce problème de collecte nationale. Et sur ce point précis, en France (et dans d'autres pays de la vieille europe) on est *très* en retard.
L'une des solutions serait de forcer France Télécom à ouvrir son réseau de collecte et de capillaires, par exemple en proposant des offres similaires à celles des DSP (fibre noire, ou fibres activées avec des technologies standard) à des prix qui correspondent aux coûts (Autrement dis, pas de bénéfice sur les offres "purement collecte"), au moins sur les endroits ou il n'y a pas de DSP.
Actuellement, les fibres de France Télécom sont en sous-capacités, car utilisés avec des technologie ATM d'il y a 20 ans, précieusement gardée pour la téléphonie...
Il faudrait les valoriser beaucoup plus.
Idem, très souvent, les autres sociétés qui disposent de fibres ne les valorisent pas (Autoroutes, RFF), car les prix pratiqués sont des prix d'éviction: Dans ces sociétés, personne n'a vraiment envie de s’embêter à développer ce nouveau métier (Exception faite de la SANEF, avec http://www.sanef-telecoms.com ): Ces acteurs préfèrent, de loin, trouver un opérateur et leur vendre à prix d'or l'exclusivité sur un tracé... recréant ainsi un monopole.
Là ou la fibre se développe, on le voit, c'est là ou les initiatives locales, à base de structures semi-publiques, remplacent la direction de l'état. Un bon exemple est le SIEA de l'Ain, qui est vraiment très actif tant sur la collecte que sur le capillaire et jusqu’aux abonnés, malgré quelques gaspillage au tout début du projet.
Dans beaucoup d'autres régions, les syndicats d'électrification existent, mais ne sont pas réellement plongés dans les télécoms (Ex: Le SYDEC des landes). Un petit coup de pouce financier assorti à un objectif de couverture pourrais changer la donne dans les régions où le manque de collecte bloque toute velléité de FTTH communal, même à l'initiative d'un groupe d'habitants.
Rédigé par : Obinou | 19/06/2011 à 15:04
Merci obinou pour ce long commentaire...
Voilà bientôt 2 ans que je montre du doigt ce problème, ici même sur ce blog... et dans mes tentatives de "go-between" dans les colloques ou les anti-chambres de certains cabinets !
L'ami @bluetouff (Olivier L. ) m'avait à l'origine fait réfléchir (http://mlebon.typepad.com/hd_rural/2009/09/s%C3%A9minaire-du-10-septembre-.html) à cette problématique et émettre cette proposition d'un grand backbone d'initiative publique (ou tout moins soutenu par la puissance publique), puisque les "grands" (Orange, SFR, Free, ...) et moins grands (Covage, ...) ne veulent pas mutualiser les leurs (réseaux d'agrégation, niveau RAN / UTRAN, des réseaux mobiles, réseaux de collecte des réseaux ADSL et Mobiles, ...) ...
Ceci sans parler des "opérateurs de niche ou coucous" qui exploitent le manque de ressources ou volonté de positionnement marché des autoroutiers et autres gestionnaires d'infrastructures...
Pour convaincre l’État de la nécessité de se pencher sur ce problème, 2 actions :
1- démontrer l'intérêt économique de la chose, en étayant l'argumentaire ci-dessus de qq exemples concrets avec des chiffres à la clef,et tes exemples seront les bienvenus
2- à partir de l'état des lieux effectué, jeter les bases du cahier des charges de ce BB de péréquation territoriale.
L'occasion aussi d'apporter une réponse "alternative" à la situation du jour qui "enkyste" le débat de la "netneutrality" en proposant à partir de ce backbone, la création d'AS régionales (opérateurs de CDN, Cloud, transit, peering) dont la finalité serait de favoriser le développement, l'éclosion d’acteurs FAI locaux innovants (cf l'autre combat à mener, celui de la refonte du modèle N-Play, mono-FAI, que le passage à la Fibre, neutre, permet d'envisager...)
PS: Par contre l'échelon communal que tu évoques, non intégré dans le cadre d'un schéma directeur suffisamment étendu (département, région)ne me parait pas pertinent, pour une raison de cohérence/mutualisation locale et de "facteur d'échelle"... Il est d'ailleurs rejeté pour l'accès aux financements du Grand Emprunt, au travers du F.S.N.
Rédigé par : mlb9146 | 20/06/2011 à 10:08
"PS: Par contre l'échelon communal que tu évoques, non intégré dans le cadre d'un schéma directeur suffisamment étendu (département, région)ne me parait pas pertinent, pour une raison de cohérence/mutualisation locale et de "facteur d'échelle"... "
En fait, je parlais de l'échelle communale comme point d'appui pour des travaux FTTH fait par les habitants eux-même (fibrage capillaire à faire par les habitants comme dans d'autres pays d'europe du nord, sous la supervision de "mentors"):
Selon moi, il y a trop de maisons, trop de zones à fibrer pour que ce soit fait dans un délai raisonnable par les quelques sociétés de pose de fibres en domaine privé qui existent aujourd'hui: Ces sociétés ont un coût horaire inacceptable pour les particuliers et les très petites communes, et quand bien même, les journées n'ont que 24h, même pour les agents de terrain.
Autant pour le génie civil longue distance, on peux rentabiliser les travaux sur des centaines d'habitants et de longues années, autant en capillaire, je n'y crois plus. Surtout que les opérateurs de télécommunication vont tenter de rapidement promouvoir la 4G (qui, comme la 3G, est très rentable *via* des forfaits captifs et segmentés). Et c'est principalement à ça que vont servir les fibres capillaires et non pas au FTTH...
Pour moi, l'une des solution passe par des réseaux communaux interconnectés de proche en proche, avec des liaison sur les POP des réseaux public type DSP et RIP (C'est à dire qu'un village isolé devra emprunter un chemin fait de plusieurs "saut", de villages en villages pour atteindre un backbone régional, qui lui finira sur un réseau national, voire directement sur Internet.
"Il est d'ailleurs rejeté pour l'accès aux financements du Grand Emprunt, au travers du F.S.N."
Bien sur: Ce n'est pas du tout dans l'intérêt des état d'avoir un schéma tel que je viens de le décrire: Car c'est une stratégie qui cherche à contrer la stratégie actuelle des grands opérateurs au profits des petits, compliquant ainsi la tâche des état européens dans leurs velléités de censure et de blocage (Il n'y a qu'a voir comment HADOPI ferais si, à chaque mail, elle devais choisir parmi la liste de tous les opérateurs ARCEP à qui envoyer les saisines... http://www.arcep.fr/index.php?id=9320 ... ce qui explique qu'actuellement on soit tranquille si l'on est pas chez l'un des 5 gros).
Rédigé par : Obinou | 20/06/2011 à 17:37
Je ne comprends pas tout de votre argumentation technique. Il me semble que s'agissant de difficultés politiques, il existe peu de chance que des raisonnements techniquement nickel aient des chances (1) de convaincre les élus adeptes de la politique du chien crevé au fil de l'eau ; (2) de convertir les industriels du net du ROI vers le la notion de service public.
Ceci dit, en théorie réseau, il me paraît possible de soutenir que (1) la position de Michel favorise un internet de services (donc un éventuel gavage du client de pub, jusqu'à la saturation de la bande passante) ; (2) la position d'Obinou va dans le sens d'internet, ressource illimité de développement local.
Ceci dit, ce n'est pas moi qui dit la messe.
Enfin, si armé de la même théorie réseau, nous nous posons la question d'analyser les réseaux symétriques soit biologiques, soit sociaux, j'ai l'intuition qu'aucun système réseau ne peut fonctionner efficacement sans réseau de transport des datas extrêmement performant bouclé par un réseau (Obinou parle de capillaire) de feed-back extrêmement puissant.
Nous sommes aujourd'hui dans la situation où existe une incohérence fatale entre l'efficacité (plus ou moins bridée) du réseau de transport et la puissance (l'impuissance) de chaque sous-boucle locale et de toutes les sous-boucles locales ensemble. L'interconnexion des sous-boucles locales entre elles (sans passer par le réseau de transport) serait donc la nécessité sine qua non (1) de la montée en puissance du réseau internet ; (2) de création d'un backbone parallèle de grande sécurité ; (3) de la mise en chantier de notre noosphère mondiale.
Rédigé par : GARRIGUES Bernard | 25/06/2011 à 22:28